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Startups et impact : les enseignements clés de l’étude Wemean sur le French Tech 120

Alors que de nombreuses entreprises et industries subissent des critiques croissantes sur leur impact environnemental, l’écosystème French Tech – et en particulier les startups du French Tech 120 (FT120) de la promotion 2024 – semble jusqu’ici éviter un rejet massif, ce que certains appellent un backlash écologique. C’est le constat dressé récemment par Challenges, dans un article qui souligne comment les startups françaises intègrent désormais de plus en plus les enjeux sociaux et environnementaux directement dans leur modèle économique.

Ce que l’on peut rapprocher du concept de RSE stratégique au sens de Porter et Kramer (2011).

Cette tendance est confirmée par l’étude approfondie publiée par le cabinet Wemean : « Stratégies d’impact : où en est le FT120 ? ». Cette analyse, qui a passé au crible les stratégies RSE, la gouvernance et les certifications de plus d’une centaine de startups du FT120, démontre que l’impact devient peu à peu un véritable moteur économique pour ces entreprises.

Le FT120 : quand impact et rentabilité convergent

Le FT120 regroupe chaque année 120 startups françaises à très fort potentiel, sélectionnées pour leur croissance et leur capacité à se développer à l’échelle mondiale. Selon l’étude Wemean, ces entreprises font face à un double défi :

  • Poursuivre leur croissance malgré un accès au financement plus contraint depuis 2023 et une tendance confirmée en 2025 au regard des incertitudes économiques ainsi que géopolitiques

  • Répondre à des attentes sociétales croissantes de la part des investisseurs, des clients et des pouvoirs publics.

La solution ? Nombre d’entre elles choisissent de ne plus séparer performance économique et responsabilité sociétale.

Quelques exemples de startups issus de l’étude Wemean

  • Innovafeed place ses usines au plus près de ses fournisseurs pour réduire les coûts et l’empreinte carbone, tout en dynamisant l’emploi local.

  • Contentsquare aide ses clients à relier leurs initiatives environnementales à la performance commerciale, en prouvant que les produits plus durables génèrent souvent de meilleurs taux de conversion.

  • Swile a opté pour des cartes virtuelles par défaut, diminuant significativement l’empreinte carbone liée à ses moyens de paiement.

  • Doctolib améliore l’accessibilité de sa plateforme pour les personnes en situation de handicap, renforçant l’inclusivité dans le secteur de la santé.

Raisons d’être, gouvernance et certifications : un écosystème French Tech en structuration

Si l’on regarde plus dans le détail les données consolidées par Wemean :

  • Seulement 13 startups du FT120 disposent du statut de société à mission (10,8 % du panel).

  • Certaines ont néanmoins intégré une raison d’être dans leurs statuts.

  • De nombreuses entreprises ont obtenu la certification B Corp, qui évalue leur gouvernance, leur politique sociale, leur performance environnementale et leur impact communautaire.

Autre indicateur clé : environ 28% des startups FT120 ont désigné un ou une responsable de l’impact (parfois membre de leur comité de direction). Cette intégration de l’impact à la gouvernance montre une professionnalisation des démarches ESG (Environnement, Social, Gouvernance).

Quelle source d'inspiration pour une Communauté French Tech ?

Les enseignements de cette étude sont intéressants pour des porteurs de projets innovants, startups ou PME en activité.

1. Pourquoi intégrer l’impact dès le début d’un projet entrepreneurial ?

Les startups ont tout à gagner à concevoir leurs modèles économiques en intégrant sobriété numérique, économie circulaire ou inclusion sociale dès leur création. Cela ne demande pas nécessairement des moyens considérables. Même une jeune pousse peut :

  • Réduire sa consommation énergétique

  • Intégrer des critères d’accessibilité numérique

  • S’engager dans des partenariats sociaux ou environnementaux locaux

2. Désigner un référent impact

À l’image des entreprises du FT120, il est pertinent, même pour les petites structures, de désigner un référent ou une référente « impact » qui coordonnera les actions et suivra les bonnes pratiques.

3. Valoriser ses engagements

Les clients (B2B et B2C) ainsi que les talents sont de plus en plus sensibles aux démarches RSE authentiques. A l’échelle du territoire de La French Tech Saint-Nazaire La Baule Pornic, les labels Entreprises Accueillantes (Saint-Nazaire Agglomération) et Triple E (Cap Atlantique) en sont une bonne illustration. La commission Talents de La French Tech Saint-Nazaire La Baule Pornic a également placé l’inclusion au centre de ses travaux en 2025.

4. Anticiper la réglementation

Même si les entreprises non côtées ne sont pas encore soumises à la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), assimiler dès aujourd’hui des pratiques d’évaluation et de réduction de son impact fournit un avantage stratégique. Cela facilite également l’accès à certains marchés publics et grands comptes qui intègrent déjà des critères RSE dans leurs appels d’offres.

5. Renforcer la dynamique collective

Se mobiliser autour des enjeux RSE/ESG permet de…

  • Partager les bonnes pratiques

  • Proposer des formations

  • Créer des synergies entre acteurs du territoire

L’impact : moteur économique et levier de compétitivité

La principale leçon à retenir des startups du FT120, au travers des données de l’étude Wemean, est que l’impact n’est pas un simple plus ou un coup de peinture verte (le classique greenwashing).

L’impact – dont il conviendrait néanmoins de définir les contours précis car ce terme générique porte en lui-même ses propres limites voire contradictions – devient un levier de compétitivité, un critère d’attractivité pour les clients et les investisseurs, et un moteur de performance durable.

C’est la thèse développée dans le chapitre 6 de l’ouvrage La RSE, une opportunité stratégique (2e édition 2016) dont voici l’abstract :

« La réponse proposée dans ce chapitre est que les entreprises adoptent une stratégie RSE permettant de construire de nouveaux modèles de croissance tout en respectant les grands équilibres naturels et sociaux. L’époque où les entreprises pouvaient se contenter de concentrer leur attention sur l’optimisation de leurs ressources financières est révolue. Si elles veulent développer une stratégie gagnante à long-terme, elles doivent traiter avec autant de considération les ressources humaines et environnementales.

Il importe à ce stade de souligner que la mise en place d’une stratégie RSE représente un engagement à long terme pour l’entreprise

En premier lieu, une telle stratégie nécessite d’inclure la RSE dans l’ADN de l’entreprise : les dimensions de la RSE doivent être incorporées dans sa mission, devenir des facteurs importants dans son processus de décision stratégique, et faire partie intégrante de son fonctionnement au quotidien.

En second lieu, toute stratégie RSE requiert du temps afin d’être perçue comme un véritable engagement, et non comme du greenwashing. C’est seulement après une implication continue et prolongée dans les domaines social, sociétal et environnemental, que les parties prenantes internes et externes, incluant la société civile au sens le plus large, reconnaîtront la légitimité de l’entreprise en matière de RSE.

La troisième composante est le rôle de l’écosystème d’affaires dans le succès d’une stratégie RSE : une stratégie RSE pour être un succès requiert que les entreprises collaborent dans l’intérêt général avec les diverses parties prenantes. »